François Höpflinger est sociologue, il a enseigné pendant de nombreuses années à l'Université de Zurich et il est toujours le premier interlocuteur en Suisse pour les questions relatives à l'évolution de la population, au vieillissement et aux générations. Nous sommes donc très heureux de l'avoir à nos côtés en tant que membre de longue date du Conseil de fondation et un peu – non, MEGA fier! Et notamment du prix Erich Walser des Générations qu’il a reçu il y a quelques semaines. Nous le félicitons encore une fois avec et dans cette interview! Et nous sommes impatients de découvrir le regard que François portait alors et porte aujourd'hui sur les questions du vieillissement et des relations intergénérationnelles.
Merci beaucoup. Le prix a été une surprise inattendue, mais très positive.
Qu'est-ce qui te fascine depuis tant d'années dans le domaine de la recherche sur l'âge et les générations?
Les thèmes liés à l'âge et aux générations sont très intéressants, car ils offrent de multiples points de contact avec de nombreuses disciplines et de nombreux mouvements sociaux. De plus, la recherche sur la vieillesse et les générations est en pleine mutation depuis des années, ce qui donne toujours lieu à de nouvelles approches pratiques. Il est surtout fascinant de voir les possibilités innovantes qui s'ouvrent en cas d'attitude positive ou d'orientation vers les compétences, par exemple en ce qui concerne les relations entre générations dans les entreprises, l'habitat intergénérationnel, les projets de voisinage ou l'extension des années de vie en bonne santé à l'âge de la retraite.
Actuellement, deux questions centrales sont particulièrement passionnantes:
comment continuer à augmenter l'espérance de vie en bonne santé (même à un âge avancé)? Et quelles sont les conditions sociales, sanitaires et individuelles essentielles pour cela?
Dans quelle mesure des projets intergénérationnels bien encadrés (dans le voisinage, dans le monde du travail ou lors d'activités culturelles) peuvent-ils renforcer la résilience sociale (capacité de résistance) d'une société dynamique (mais aussi conflictuelle)?
Comme mes collègues de Suisse romande et moi-même avons très tôt mis l'accent sur des approches axées sur les compétences autour du vieillissement, il n'y a guère eu d'hypothèses qui se sont révélées fondamentalement erronées par la suite. Tout au plus a-t-il été surprenant de constater à quel point la situation des femmes et des hommes âgés a changé en relativement peu de temps. Les possibilités réelles ont été plutôt sous-estimées, par exemple en ce qui concerne la bonne qualité de vie des personnes atteintes de démence (p. ex. stimulation et repos grâce à des jardins contre la démence adaptés, concepts de soins).
Il est aujourd'hui très rare que l'importance de l'âge et de l'appartenance à une génération soit niée (il y a toujours plus de climato-sceptiques que d'«alter-sceptiques»). Actuellement, on constate plutôt le problème inverse, à savoir que l'importance de l'âge chronologique est surestimée dans certains domaines, par exemple lorsque les problèmes de performance et de motivation des travailleurs âgés sont attribués à leur âge et non au fait qu'ils sont démotivés par des conditions de travail pénibles depuis de nombreuses années.
Comme d'autres pays, la Suisse se caractérise par des inégalités de chances significatives (de formation, de carrière, de durée de vie). En Suisse aussi, les personnes aisées vivent plus longtemps que les pauvres. Cela vaut également pour l'espérance de vie en bonne santé, où l'on constate un écart accru chez les hommes.
L'effet de l'immigration et du relèvement de l'âge de la retraite sur la pénurie de main-d'œuvre fait l'objet d'un débat controversé. Jusqu'à présent, l'immigration était la meilleure solution pour la Suisse pour compenser le déficit de naissances existant depuis 1972. ’Travailler plus longtemps’: L'effet n'est pas spécialement marqué actuellement, car la grande majorité des travailleurs de plus de 65 ans travaillent ou souhaitent travailler à temps partiel.
De manière générale, deux éléments sont essentiels dans une société démographiquement vieillissante et à l'espérance de vie élevée:
a) Le système social actuel – qui repose sur une succession de formation, d'activité professionnelle et de retraite – doit être modifié pour devenir un système social qui inclut une coexistence tout au long de la vie entre formation/formation continue, formes de travail (rémunéré/non rémunéré) et phases de repos. En théorie, une assurance générale perte de revenu pourrait remplacer les caisses sociales actuelles. Il est également essentiel de promouvoir de manière ciblée l'apprentissage tout au long de la vie (par exemple en finançant des universités pour seniors, des prêts de formation pour les plus de 50 ans, etc.)
b) la société ne peut pas fonctionner sans utiliser les ressources et les compétences des femmes et des hommes âgés Des projets tels que 'Les seniors aident les seniors', le développement de l'aide de voisinage ou le soutien au bénévolat deviennent de plus en plus centraux, mais tous les projets liés à la vieillesse et aux générations ne sont pas des 'cercles vertueux en soi', ils doivent être soutenus financièrement de manière régulière.
Prof. Dr. François Höpflinger sur LinkedIn
Informations sur le prix des Générations sur helvetia.com
François est l'invité du podcast «MISCHPULT»: Épisode 1 «La salade des générations» – Les quatre générations dans le monde du travail actuel
Article de François dans le magazine Loopings L'âge en mutation – Séries chronologiques pour la Suisse
Article de François dans le dossier d'étude «Questions de générations» du magazine Loopings