«La volonté d'organiser la vie après 65 ans a fortement augmenté».

Commençons par A comme âge: qu'est-ce que ce mot évoque pour toi – personnellement?

L'âge a pour moi une certaine ambivalence. Est-ce que je trouve que l'âge est quelque chose de génial ou non? A 63 ans, les différentes phases de la vie sont derrière nous, le temps qui s'annonce est plus court. En même temps, je me réjouis de vivre une période laissant une belle place au développement et à la création. Personnellement, je suis sur le point de franchir cette étape de ma vie.

Tu es également liée professionnellement aux thèmes des phases ultérieures de la vie. Qu'est-ce qui t'a amenée à travailler dans cette direction?

L'être humain, son développement, son apprentissage sont au cœur de mon activité professionnelle. Ces thèmes concernent toutes les phases de la vie. Dans mon premier métier, je m'occupais de l'apprentissage et du développement des enfants et des adolescents. Plus tard, j'ai travaillé dans la formation initiale et continue des adultes. En parallèle à mon «vieillissement» personnel, mon activité actuelle à l'Institut de l'âge de la Haute école spécialisée bernoise est la suite logique de mes intérêts professionnels.

Et qu'est-ce qui t'attire et te fascine le plus dans le domaine que tu abordes?

Personnellement, les phénomènes les plus divers liés à la vieillesse me fascinent. Ces dernières années, les expositions d'artistes femmes très âgées se sont par exemple multipliées. Ou lorsque l'écrivain Peter Bichsel constate que la vieillesse est de moins en moins une priorité, cela stimule mon intérêt. La vieillesse recèle une immense diversité d'aspects: à l'Institut de l'âge de la Haute école spécialisée bernoise, nous nous intéressons au marché du travail des 45 ans et plus et au passage à la retraite. Nous accompagnons les communes dans l'élaboration de leur politique de la vieillesse et des générations. Nous aidons les communautés à créer des communautés d'entraide. Nous développons des offres de soutien pour les proches des personnes atteintes de démence. Nous menons des recherches sur les relations intergénérationnelles et sur la fin de vie. Je pourrais presque énumérer à l'infini.

Cela semble passionnant. Et il y a beaucoup à faire. Comment vis-tu et juges-tu l'attitude de la société face au vieillissement?

Nous vivons dans une société de longue vie. Il s'agit d'exploiter le potentiel de la phase de vie généralement en bonne santé qui suit la retraite dans l'optique de la société. Orientation vers le potentiel plutôt que vers l'anxiété générée par les médias. Quand je lis par exemple le terme de vieillissement de la société, je ne peux que hocher la tête.

Les mots et les déclarations que nous choisissons autour de la vieillesse, que nous nous racontons, façonnent également la perception. On pourrait dire: la vieillesse vaut mieux que sa réputation?

La vieillesse n'est ni meilleure ni pire que les autres phases de la vie. Dans le contexte de la longue vie, nous discutons aujourd'hui des chances de vieillir et des nouveaux rôles sociaux des personnes âgées.

Tu as déjà esquissé les grandes lignes de ton champ d'activité, tu es de temps à autre engagée dans le projet «Activité professionnelle à l'âge de la retraite» (ERA), qui étudie les motifs et les facteurs facilitant l'activité professionnelle des 65 ans et plus. Le projet est en cours depuis 2021 et se poursuivra jusqu'à la mi-2025. Où en êtes-vous aujourd'hui?

Nous nous intéressons aux facteurs de décision individuels pour la poursuite d'une activité professionnelle après la retraite. Nous élaborons des suggestions d'incitations de l'État ou de l'entreprise pour continuer à travailler après la retraite, comme des mesures de formation ou des mesures de culture d'entreprise. Nous voulons avant tout, par nos activités, stimuler le débat sur le thème de l'activité professionnelle à l'âge de la retraite.

L'une des mesures issues du projet de recherche est le festival «Your Stage – Le festival des mondes du travail des 60 ans et plus». Comment est née cette idée?

En tant que haute école spécialisée, nous avons pour mission de nous adresser au public. Spécialement dans ce projet. Cela a quelque chose à voir avec son caractère. Avec «Your Stage - Le festival des mondes du travail des 60 ans et plus», nous voulons impliquer notre public en tant que partenaire et le mettre en réseau. Nous souhaitons offrir une plateforme où les visions individuelles et entrepreneuriales prennent forme, sont discutées et concrétisées.

Il a eu lieu pour la première fois en 2022 dans la maison des générations de Berne – en collaboration avec la SIBA (Soziale Innovation Bern) et nous, c'est-à-dire Loopings. Quels sont les moments forts de cette première édition qui résonnent encore en toi?

Nous avons été inspirés par des personnes qui expérimentent et pratiquent différentes formes d'activité professionnelle après leur âge de référence. Des entreprises de secteurs souffrant d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée nous ont montré leurs solutions, comment et avec quels modèles elles continuent d'employer des travailleurs motivés après l'âge de référence et comment ces derniers réagissent.

Pour nous, c'est formidable de pouvoir apporter un soutien encore plus actif lors de la deuxième édition. Cette année, le festival se déroulera du 2 au 6 septembre, dans quatre villes suisses ainsi que sur le web. Comment évalues-tu la pertinence du sujet aujourd'hui?

Je peux certainement affirmer que la pertinence du sujet reste élevée, et qu'elle s'est même peut-être accrue. Dans mon entourage personnel, je constate à quel point la volonté d'organiser sa vie après 65 ans a augmenté. Sous forme de travail rémunéré à temps partiel, de bénévolat, d'engagement dans la famille, d'activités de loisirs nouvelles ou anciennes.

Qui doit noter les dates dans son agenda dès aujourd'hui?

Les personnes âgées de 55 / 60 / 65 ans et plus qui souhaitent faire avancer leur vision professionnelle et en discuter ainsi que les employeurs qui souhaitent présenter ou développer des modèles de maintien d'emploi.

Que doit-il se passer pour que tu applaudisses de satisfaction à la fin du festival?

Je serai satisfaite si notre programme de festival est apprécié et utilisé et si nous pouvons transférer les connaissances et les outils de communication du projet de recherche sur le marché du travail. J'applaudis des deux mains lorsque les participants, avec leur curiosité, leur joie et leur engagement, vivent des rencontres intéressantes et durables, voire les poursuivent.

Si tu avais un souhait à formuler concernant «l'activité professionnelle à l'âge de la retraite», quel serait-il?

Que les entreprises expérimentent avec les personnes âgées des formes et des modèles de poursuite du travail et qu'elles communiquent leurs conclusions.

Et pour finir: quelle image de toi à l'âge de la retraite te rend heureuse?

Je me réjouis de l'espace de création! Heureusement, il est encore peu planifié. Il doit y avoir de la place pour le travail rémunéré, pour faire à nouveau de la musique, pour avoir beaucoup de temps libre, pour des rencontres et pour des choses tout à fait nouvelles.

Merci beaucoup, Susanne. Nous nous réjouissons énormément de cette collaboration et du festival qui aura lieu en septembre.